Alcool et diabète : Oui mais… toujours avec modération !

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« Le diabète n’est pas une contre-indication à la consommation modérée et régulière d’alcool, ce qui ne signifie pas que l’alcool est sans conséquence sur le diabète et ses complications. »1 C’est ce que nous confirme le professeur Schlienger dans son article « Boissons alcoolisées et diabète » paru dans Diabétologie Pratique (n°49 - Février 2015). Mais… c’est-à-dire ? En boire ou pas ?

Les tenants du  « Oui , en quantité limitée »

  • Une étude récente a confirmé, encore une fois, un effet protecteur d’une consommation d'alcool modérée en vin et en bière contre la survenue d’un diabète à long terme. Cet effet protecteur est plus important chez les personnes suivant un régime méditerranéen (consommation de fruits, légumes, céréales, poisson et peu de viande, huile d’olive, etc.). 2
  • Chez le diabétique, une consommation modérée, au cours d’un repas, de vin rouge ou blanc sec n’a pas d’impact négatif, à court terme, sur l’équilibre glycémique : ni sur la glycémie post-prandiale, ni basale1. Et mieux encore, on a même observé une diminution modérée de l’hyperglycémie post-prandiale après l’ingestion d’alcool. Les mécanismes en causes ? D’une part il y a des effets dus à l’alcool : probablement une accélération de la vidange gastrique et une amélioration de la sensibilité de l’insuline. Et d’autre part les polyphénols du vin ont, eux aussi, la capacité à améliorer la sensibilité à l’insuline.
  • En plus de cet effet sur la glycémie, une consommation modérée d’alcool, et de vin rouge plus particulièrement, a un effet cardio-protecteur : augmentation du bon cholestérol (HDL), réduction du stress oxydatif, diminution du fibrinogène (protéine plasmatique dont les taux augmentent dans les états inflammatoires et joue un rôle important dans la formation de caillots). Ce qui est particulièrement bienvenu chez le patient diabétique DT2.

Les tenants du « Non » 

  • Mais il y a aussi le revers de la médaille. En effet, selon l’OMS, l’usage nocif de l’alcool est responsable de 3,3 millions de morts par an dans le monde et est en cause dans plus de 200 maladies et traumatismes.3  Par exemple, et pour en revenir à notre sujet, une consommation quotidienne à partir de 4 verres/jour induit un risque augmenté d’avoir un diabète dans le futur.
  • Chez le patient diabétique, une ingestion importante d’alcool perturbe la sensibilité à l’insuline : une consommation trop élevée est une cause de déséquilibre glycémique, sans compter les interactions avec les traitements. Notamment, une consommation dépassant 3 à 4 verres la veille au soir potentialise l’effet hypoglycémiant des sulfamides et de l’insuline et se manifeste par une hypoglycémie tardive durant la nuit ou au réveil. Les répercussions sont d’autant plus sévères que la reconnaissance des signes d’alerte d’hypoglycémie est perturbée du fait de l’alcoolisation.
  • Autre effet négatif, on a constaté que plus un patient consommait de l’alcool et moins il était observant au traitement et moins rigoureux sur l’auto surveillance. À partir d’un verre par jour la qualité de l’autocontrôle diminue déjà !
  • Plus généralement, une consommation chronique excessive d’alcool accroît la fréquence et la gravité des complications du diabète : augmentation du risque de neuropathie, de rétinopathie, de néphropathie et d’hypertension.

 « Alors… que faire quand on est diabétique ? »

  • Vous l’aurez compris tout est dans la nuance : « Avoir une consommation modérée d’alcool ». Qu’est-ce qu’une consommation modérée ? Les normes disent « un maximum de 20 à 30 grammes d’alcool par jour, répartis tout au long de la semaine » soit 2 boissons alcoolisées par jour au moment des repas (3 pour les hommes).
  • Il faut aussi être vigilant concernant la quantité de sucre contenu dans certains alcools : vins liquoreux, vins cuits, bière… Ne pas consommer de vins à forte teneur en sucre résiduel ou des cocktails très sucrés.
  • Pas d’alcoolisation aigue : ne pas dépasser 4 verres de suite même dans les grandes occasions.
  • Et enfin, ne buvez pas d’alcool le ventre vide.

N’oubliez pas : tout est dans la modération et c’est encore plus vrai quand on est diabétique !

 

Sara Lambert.

Tolérance zéro alcool !

Dans certaines situations la consommation d’alcool est contre-indiquée, citons :

  • les buveurs excessifs ou anciens buveurs,
  • les femmes enceintes,
  • les enfants ou adolescents,
  • les conducteurs d’engins ou de machines,
  • sur le lieu de travail,
  • en cas de prise de certains traitements médicamenteux,
  • et en cas de certaines pathologies pouvant être compliquées par l’alcool : maladie du foie, maladie psychiatrique...
Sources :
1. J-L. Schlienger. Boissons alcoolisées et diabète : Dr Jekyll ou Mr Hyde. Diabétologie pratique. N°49. p. 6-8. Février 2015
2. Koloverou E et al. Effects of alcohol consumption and the metabolic syndrome on 10-year incidence of diabetes: the ATTICA study. Diabetes Metab. 2015 Apr;41(2):152-9. doi: 0.1016/j.diabet.2014.06.003. Epub 2014 Sep 2.
3. OMS : https://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs349/fr/